Cours.1 introductif: Approche conceptuelle

Université de Béchar
Master I. Préservation du cadre patrimonial bati au Sahara
Histoire de la consevation I
Enseignant Abdelmalek Houcine
Cours introductif: Approche conceptuelle
histoire-de-conservation-cours-1-introductif-approche-conceptuelle.jpg

Plan

  • 1. Notion du Patrimoine bâti
  • 2. Conservation /restauration
  • 3. Conclusion

1. Notion du Patrimoine 

Le patrimoine est l'ensemble des biens, matériels ou immatériels, ayant une importance artistique et/ou historique . Il peut etre privé ou public. Cet ensemble de biens est généralement préservé, restauré, sauvegardé et montré au public. Le patrimoine dit « matériel » est constitué de :
  • L'architecture et de l'urbanisme,
  • Des sites archéologiques et géologiques,
  • D'objets d'art et mobilier,
  • Du patrimoine industriel (outils, instruments, machines, bâti, etc.).
Le patrimoine dit « immatériel » peut revêtir différentes formes :
  • Chants, costumes, danses, (Ahl elail à Timimoun)
  • Traditions gastronomiques,
  • Jeux, contes et légendes,
  • Petits métiers, savoir-faire,
  • Documents écrits et d'archives
Le patrimoine fait appel à l'idée d’un héritage légué par les générations qui nous ont précédés, et que nous devons transmettre intact aux générations futures.
Le patrimoine aide à la reconstitution de l’histoire. Mais, mieux qu’un texte.Il est très convaincant.

a. L'élaboration du patrimoine

II est important de comprendre qu'un objet urbain aujourd'hui considéré comme patrimonial ne l'a pas toujours été. Il l'est devenu lorsqu'un groupe, une société a décidé qu'il devait être préservé pour être transmis à ses descendants. Le patrimoine est donc une construction sociale.
Exemple de patrimoine religieux à l'échelle mondiale. La Kaaba fondée par le Prophète Ibrahim.
C’est une œuvre architecturale majeure de notre civilisation arabo-musulmane.
la-kaaba.jpg

Patrimoine attestant la véracité du message divin.
Un objet devient patrimonial lorsqu'une société estime que, en le détruisant, elle perdrait une trace importante de son histoire. Le patrimoine est donc un signe du rapport de cette société à son passé.
Elle choisit des éléments qui sont pour elle des symboles de ce passé.
Mais le patrimoine n'est pas l'histoire : les choix effectués par une société ne sont pas toujours historiquement corrects. Elle peut avoir une vision erronée de son histoire, ou de l'objet qu'elle choisit.

L'extension du patrimoine

L'élaboration du patrimoine d'une ville n'est pas seulement du ressort de la société qui l'habite. Il peut incarner une importance nationale voire internationale.
Enfin, de nouveaux objets, autres que monumentaux, peuvent devenir patrimoniaux. À Paris, à partir des années 1970, se diffuse l'idée d'un patrimoine paysager, d'un patrimoine industriel.
La patrimonialisation est un phénomène reversible.

A. Usages politiques

1. Affirmer une identité
Préserver et mettre en valeur le patrimoine peut servir à affirmer une identité, en transmettant des valeurs et un passé communs aux citoyens. Il s'agit dans ce cas d'utiliser le patrimoine comme une justification, comme une preuve. Le patrimoine est un moyen de soutenir des revendications concurrentes.
2. Préserver, ouvrir et accueillir
Rôle important de l'Etat dans la sauvegarde et l’édification du patrimoine (premières lois de préservation : L'intérêt que portent aujourd'hui les sociétés à leur patrimoine témoigne de l'importance qu'elles attachent à sa préservation. Il faut donc le protéger, lui permettre de traverser le temps sans dommage.
Aujourd'hui, la protection du patrimoine s'internationalise, avec la notion de patrimoine mondial de l'humanité (UNESCO). C'est elle qui crée la notion de patrimoine mondial culturel et naturel, puis immatériel.
Pour préserver le patrimoine, il faut aussi que les générations futures comprennent pourquoi la société actuelle l'a choisi. Il doit donc être étudié et explicité.
Enfin, les sociétés veulent avoir accès à leur patrimoine, même si sa fonction originelle a disparu. Il faut donc aménager le patrimoine pour l'ouvrir au public.
• Des patrimoines conflictuels
L'étude scientifique du patrimoine peut remettre en question la manière dont la société considère son passé. En effet, historiens ou archéologues peuvent montrer que la vision qu'elle a construit de son patrimoine ou de son histoire est fausse. De même, toute action sur le patrimoine peut être considérée par un groupe comme une tentative de modifier ou de nier son passé.
Ex. place Taksim à Istamboul, où on commémore l’abolotion de la califat en 1928, et la l’avènement de la république turque. Le projet de la restauration d’une anncienne caserne ottomane a fait déclencher des émeutes.
Ces situations sont sources de tensions, particulièrement lorsque des patrimoines sont mis en concurrence par des groupes différents.

B. Usages économiques

  • L'attrait pour le patrimoine constitue aujourd'hui un enjeu économique majeur, générant revenus et emplois. Le patrimoine est non seulement un bien culturel, mais aussi un objet de consommation (entrées dans les monuments, locations de monuments,tourisme, hôtellerie, restauration, souvenirs, etc.).
  • Rôle important des villes dans le rayonnement international.
  • L'extension du patrimoine augmente les coûts de conservation et de restauration, et il y a donc multiplication des acteurs, à toutes les échelles : particuliers, associations, entreprises, collectivités territoriales, État, Union Européenne, UNESCO.
  • L'intérêt grandissant pour le patrimoine peut, paradoxalement, le mettre en danger. En effet, comme à Rome, la forte fréquentation fragilise les œuvres anciennes et menace leur préservation. De plus, la multiplication des objets patrimoniaux accroît encore les besoins financiers nécessaires à leur sauvegarde.

2. Conservation /restauration

2 positions extrêmes :
Viollet-Le-Duc, écrit “restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné”.
A l’opposé, l’anglais John Ruskin, refuse toute restauration: “la restauration... signifie la plus totale destruction qu’un bâtiment puisse souffrir”.
Ruskin prône la conservation plutôt que la restauration. Le travail des générations passées donne, selon lui, un caractère sacré aux édifices.
Pour lui, le bâtiment a une âme, l’âme que lui a donné l’artisan avec ses bras et ses yeux et si on lui donne une autre âme, ça sera alors un nouvel édifice. Restaurer un monument c’est porter atteinte à son authenticité. Il conseille donc de prendre soin des édifices, de les conserver afin d’éviter tout acte de restauration.
A coté de ces 2 positions extrèmes, on peut trouver des attitudes plus nuanceés.

3. Conclusion

L'attention portée au patrimoine peut conduire à figer l'espace urbain. En effet, la possibilité d'intervenir au cœur de la ville devient de plus en plus difficile : à Béchar, par exemple, pour préserver le centre historique, le vieux ksar.
A Rome et Paris aussi. Pourtant, l'organisation urbaine de ces villes ne répond plus aux besoins actuels d'une métropole moderne. Ainsi, ni Rome ni Paris ne peuvent accueillir un trafic routier grandissant.
De plus, faire de la ville un musée ne permet pas d'édifier des objets qui, plus tard, pourraient devenir patrimoniaux.
Pourtant, c'est la fréquentation des objets patrimoniaux qui témoigne de leur statut patrimonial et génère les sommes nécessaires à leur entretien. Il y a donc conflit entre deux impératifs : préserver et  accueillir .

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne