Cours 2. Le patrimoine bâti au Sahara: Territoire et Consistance

Université de Béchar
Master I. Préservation du cadre patrimonial bati au Sahara
Histoire de la consevation I
Enseignant Abdelmalek Houcine

Cour 2. Le patrimoine bâti au Sahara : Territoire et Consistance
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Plan

  • Le territoire du Sahara
  • Consistancedu patrimoine saharien
  • Intéret opérationnel

Réf. Bibliographiques

  • La ville et le désert: le bas-Sahara algérien par Marc Cote
  • Khedidja Aït Hammouda-Kalloum. L’architecture urbaine à Adrar, modèle imposé ou esthétique recherchée ?
  • Mustapha Ameur Djeradi. Les arcanes de la maison ksourienne entre signes et signifiants. ( Communication présentée aux Ateliers Méditerranéens du Patrimoine, 21 et 22 Avril 2010 à Bechar).

1. Le territoire du Sahara

Localisation : Algérie, Maroc, Libye, Mauritanie, Tunisie, Egypte, Sahara occidentale, Mali, Niger,
Tchad, Soudan.
Il s'étend sur 7 500 kilomètres de l’Atlantique à la Mer Rouge et couvre 12 millions de km2.
le désert de sable ne couvre que 20% de la superficie du Sahara. Le reste est départagé entre les montagnes (Hoggar, Tassili), des Hamadas et des Regs.
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Ce grand désert, comporte des régions :
  • Hyperarides (moins de 50 mm de précipitations annuelles),
  • Semi-arides et sub-humides sèches.
  • Arides (moins de 150 mm de précipitations annuelles), le Sahara possède les endroits faisant partie des plus chauds, des plus secs, des plus arides et des plus ensoleillés au monde.
Les étés y sont longs, les hivers courts, brefs et d'une extrême douceur et peuvent même être véritablement très chauds. Le ciel est dégagé, les précipitations, très faibles.
Les oasis sahariennes, milieu naturel et aménagé, n'occupent qu'un millième de la surface du Sahara.
Elles sont situées généralement au-dessus des nappes phréatiques affleurantes ou peu profondes.
Populations et cultures
Plus de 5 millions d'habitants vivent dans le Sahara, un habitant sur deux vit dans des villes, un habitant sur huit dans le Sahara maghrébin (estimation en 1990).
Les populations actuelles du Sahara incluent :
  • Les Toubous (en Libye, Tchad, Niger, Egypte et Soudan , soit environ 600 000 personnes),
  • LesTouaregs (un million de personnes),
  • Les Sahraouis (500 000 habitants,
  • Les Maures (Musulmans d’origine berbère, arabe, ou espagnole)
Progression
Depuis 1900, le Sahara a progressé vers le sud de 250 kilomètres et ce sur un front qui en fait plus de 6 000 km.
L'étendue, le degré d'ensoleillement et la faible population sédentaire du Sahara en font potentiellement un gigantesque atout d’énergie solaire renouvelable, tant photovoltaïque que thermique.
Un carré de 300 km de côté en plein Sahara équipé suffirait à alimenter la totalité de l'Afrique et de l'Europe en électricité.

2. Consistance du patrimoine saharien

Le patrimoine cuturel saharien est composé de 4 grands ensemble de patrimoine relevant des périodes suivantes :
  • La pré histoire
  • Le patrimoine ksourien
  • Le patrimoine colonial
  • Le patrimoine post colonial

2.1. La préhistoire

Au Sahara, de nombreuses traces d'une activité humaine préhistorique peuvent être
découvertes, outils, poteries et peinture rupestres.
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Gravures rupestres à Taghit
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Poteries

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Outils ( Sahara occidentale)

2.2. Le patrimoine ksourien

Les ksour forment, par leur implantation sur les anciennes routes des caravanes, un réseau important qui s’étale sur tout le Sud algérien. Bien que la plupart d’entre eux aient perdu depuis longtemps leurs remparts, ils ont pu demeurer, des structures fonctionnelles assurant à leurs habitants une suffisance alimentaire et la cohésion sociale.Ils ont toujours été partie intégrante d’un agro-système intégrant la palmeraie, les terres cultivables et l’eau.
Les ksour révèlent unité et différences :
  • L’unité paraît surtout dans la localisation, le processus d’implantation, et le modèle d’organisation des rues.
  • Les différences portent essentiellement sur la morphologie de l’unité fondamentale composant le ksar.
Dans le Sud-ouest, le ksar est constitué par la juxtaposition d’entités appelées kasbet, entités fortifiées, cette caractéristique ne se rencontre pas dans la vallée du Mzab ou dans les ksour du Sud-est.
Le tissu est organisé autour d’un réseau de voirie structuré en ramification, dont les différentes branches traduisent, au sol, la division du groupement humain et des sous-groupes.
Les habitations sont continues et généralement mitoyennes sur deux ou trois côtés. Les places des ksour sont appelées rahbas. Elles constituent des éléments structurants dans l’espace urbain et servant le plus souvent de lieux de réunions pour les structures sociales traditionnelles. C’est aussi dans les rahbas que sont célébrées certaines fêtes religieuses, et parfois de vieilles traditions.
Quelques activités commerciales y prennent place à côté du marché hebdomadaire. La place acquiert souvent de l’importance du fait de ses activités commerciales. L’importance de ces dernières se reflète dans la configuration de la place et sur sa structure urbaine.
La plupart des ksour sont actuellement abandonnés. Si certains attestent de la présence d’un certain nombre d’habitants, c’est plus pour témoigner de leur précarité et de leur volonté de partir pour une maison en dur, dans la périphérie, dès que les conditions matérielles le permettent.

2.3. Le patrimoine colonial

Le corpus ou le répertoire stylistique composé tout d’abord par Jonnart au début du XXème siècle, puis par Pouillon et consorts à partir des années cinquante. (Travail effectué par l’enseignanteKhedidja Aït Hammouda-Kalloum, université d’Adrar.)
a.Le patrimoine bati colonial, prend des formes variées dans l’étendue saharienne.
Ainsi à Adrar par exemple on trouve le style soudanais et néo-soudanais. Les éléments qui vont être repris dans l’architecture urbaine de la ville d’Adrar par les colons puis par les architectes locaux sur les édifices publics essentiellement, sont :
  • La couleur ocre dans ses différentes tonalités, du jaune au rouge. .
  • Le crénelage des couronnements, « choriffs », sous forme triangulaire en général.
  • Les contreforts et pilastres soutenant les murs, « âarsats » ou « erkiza ».
  • Les niches triangulaires,
  • Les tours d’angle des casbahs ou bordj, base carrée et forme légèrement pyramidale.
  • Le crépissage selon la méthode dite « tboulit » en forme de mottes de la taille d’une poignée, jetées contre le mur et gardant la trace des doigts pour la région du Touat, alors qu’au Tidikelt, il se présente comme des griffures certainement tracées à la palme « djerida ».
  • Les arcades, « kous, kouas », généralement plein cintre, légèrement inégales et souvent basses.
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Le style Soudanais est une architecture purement traditionnelle dont les façades se caractérisent par de lourdes formes coniques en argile et comportent un grand nombre de décorations. La mosquée de Mopti est l’archétype parfait de cette architecture.
Les éléments récurrents de ce style, sont :
  • La centralité sur la façade d’une composition monumentale encadrant la porte et les fenêtres.
  • L’auvent situé au dessus de la porte d'entrée.
  • Des montants verticaux qui servent de contreforts et sont un stade préliminaire vers une éventuelle décoration de la façade.
  • Les compositions des façades s'étendent entre deux colonnes qui marquent les angles.
  • Des consoles de bois de palmier en saillie sur la façade.
  • Petites ouvertures de 20 cm sur 40, peu nombreuses et de trois types : la lucarne, le trou dans le mur et la fenêtre à grillage.
Le style néo-soudanais est une forme de réinterprétation de l’architecture traditionnelle malienne par la stylisation des formes et l’utilisation des matériaux locaux avec des techniques modernes. La problématique reste dans l’usage des espaces qui diffèrent du mode de vie de la société locale et celui de la société coloniale.
Le marché Dinar construit à Adrar en 1932 est presque contemporain du marché rose de Bamako (Mali) datant de 1929.
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Par ailleurs, les portes de la ville d’Adrar, tout comme celles de Timimoun, furent largement inspirées par ce type d’architecture. Il semblerait par ailleurs, que la main d’œuvre était d’origine africaine et que ces artisans-maçons ont transféré leur savoir-faire et leur répertoire architectural à la nouvelle création de la ville d’Adrar.
b. L’architecture saharienne moderne
On désigne par « architecture saharienne » toute la production architecturale moderne qui a commencé dans les années cinquante et qui s’éloigna peu à peu de l’inspiration soudanaise et néo-soudanaise.
De l’avis de Godard qui lui consacre un chapitre, les lignes sont plus sobres, les volumes plus purs et les motifs ornementaux disparaissent au profit de compositions plus élaborées mettant en évidence les rapports entre pleins et vides dans des proportions harmonieuses. Les matériaux utilisés sont durs de préférence, quoique Luyckx à qui l’on doit l’hôpital d’Adrar ait combiné entre techniques anciennes et matériaux nouveaux.
A Béchar, l’on rencontre un autre style qu’on désigne par arabisance. Exemple, école du centre , hotel Antar….. utilisant quelques éléments de l’architecture musulmane ; arcade coupoles, ….
Les éléments les plus utilisés dans ce style architectural sont :
  • Les auvents,
  • Les claustras,
  • Les brise-soleil,
  • Les arcades et les voûtes sans décoration.

2.4. Le patrimoine post colonial

L’architecture actuelled’Adrarse voie puiser dans ce répertoire stylistique qui joue sur l’image positive de la ville. Exemple, l’université africaine, et l’ensemble du centre de l’artisanat et des métiers, la nouvelle APC,… etc.
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3. Intéret opérationnel

La restauration des monuments historiques nécessite des architectes et des bureaux d’étude spécialisés en la matière.
A Béchar. Une enveloppe de 100 milliards de centimes est consacrée en 2014 par le ministère de la culture à la restauration de trois Ksour dans la wilaya de Bechar, classés patrimoine national: Kenadza, Taghit, etBéni-Abbès. Les ksour de Béni-Ounif, Mougheul et Kerzaz sont classés patrimoine local.
Au M’zab. Une enveloppe de plus de 200 millions de dinars a été mobilisée en 2013 pour la restauration des Ksour classés patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1982, dans la wilaya de Ghardaïa : Ghardaïa, Mellika, Ben-Isguen, Bounoura, El Ateuf, Metlili, Berriane et Guerrara.
Ces opérations de restaurations comprendront la réfection des passages et voies d’accès des ksour, la réhabilitation des places du marché (souk) les placettes les mosquées et autres lieux de prières, les anciennes murailles, forteresses et portails, ainsi que les arcades de chaque ksar.
En outre, 20 millions de dinars sont consentis pour la mise en valeur par l’éclairage des monuments historiques et architecturaux des villes forteresses du secteur sauvegardé de la vallée du M’Zab.

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