Cours n°2 : style néo classique (3émé année L.M.D)

Université MOHAMED KHIDER /BISKRA Faculté des sciences et de la technologie  Département d’architecture  3émé année L.M.D Module : Histoire de l’architecture Année : 2015/2016   Cours n°2 : style néo classique



Université MOHAMED KHIDER /BISKRA

Faculté des sciences et de la technologie 
Département d’architecture 
3émé année L.M.D
Module : Histoire de l’architecture
Année : 2015/2016

 Cours n°2 : style néo classique 



A - Définition de l’architecture néo-classique :

L’architecture néo-classique est un courant architectural procédant du néo-classicisme de la seconde moitié du xviiie siècle et du début du xixe siècle. Succédant au classicisme, à l’architecture baroque et rococo, l'architecture néo-classique utilise les éléments gréco-romains (colonnes, fronton, proportions harmonieuses, portique) et se met au service du politique. La découverte et les fouilles de sites de Pompéi et Herculanum remirent au goût du jour les formes antiques.

1- L’origine du style :

L'architecture néo-classique est l'héritière de l'architecture classique, théorisée par l'architecte antique Vitruve dans son traité qui définit la théorie des trois ordres (ionique, dorique, corinthien). Vitruve sera la grande référence des architectes pour qualifier le renouveau du recours à des formes antiques, à partir de la seconde moitié du xviiie siècle, jusqu'en 1850 environ. L'architecture néo-classique prétend avoir recours à des formes grecques, plus qu'italiennes, ainsi elle est appelée goût grec à ses débuts en France vers 1760. C'est un mouvement international dont on trouve différentes manifestations, de l'Amérique du Nord à la Russie. Elle se décline en plusieurs courants et l'on peut distinguer :
  1. La phase du palladianisme, la plus ancienne, qui se développe dans les campagnes de la Grande-Bretagne sous l'impulsion d'Inigo Jones et de Christopher Wren. Elle s'applique plutôt à des édifices isolés, ruraux et de forme ramassée. Son influence est plus italienne qu'antique.

  2. Le style néo-grec (Greek Revival en Angleterre) dont le principal artisan en France est Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du roi sous Louis XV.

  3. Le style néo-classique, proprement dit, en architecture, qui connaîtra un succès durable tout au long de la première moitié du xixe siècle, tant pour les édifices publics que privés en occident. Il sera également traduit dans les arts décoratifs, entre 1770 et 1830.

  4. Certains voient dans le style Beaux-arts un prolongement des canons néo-classiques.
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L'Altes Museum à Berlin
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La porte de Brandebourg, Berlin (Carl Gotthard Langhans)
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Le Konzerthaus à berlin
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Théâtre royal  à Berlin

2-1- Architecture néo-classique en Allemagne :

L'Allemagne, avec ses nombreuses principautés, fut très tôt un foyer du néo-classicisme et se couvrit de châteaux néo-classiques, alors que les architectes s'inspiraient de leur Grand Tour en Italie.

2-2 Architecture néo-classique en Belgique :

L'architecture néo-classique apparaît en Belgique à l'époque des Pays-Bas autrichiens avec les œuvres des architectes Laurent-Benoît Dewez, Jean Faulte, Claude Fisco, Jean-Benoît-Vincent Barré, Barnabé Guimard, Charles De Wailly, Louis Montoyer...

Elle connaîtra en Belgique une longévité exceptionnelle, se perpétuant à travers la période française, le Royaume-Uni des Pays-Bas, le règne de Léopold Ier, le règne deLéopold II et même le xxe siècle.







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Habitations particulières individuelles néo-classiques à Bruxelles

2- Lieux de propagation :

2-3 Architecture néo-classique en États-Unis

Le néo-classicisme eut un succès important aux États-Unis sous l’impulsion de Thomas Jefferson. En architecture il donna lieu à une interprétation spécifiquement américaine, appelée « Style fédéral », caractérisée par :
  1. Une ornementation classique 
  2. Des surfaces douces et arrondies 
  3. L'utilisation de fenêtres elliptiques
Jefferson a par exemple dessiné sa villa de Monticello dans un esprit palladien évident (équilibre, raison, ruralité). Il travailla également pour des édifices publics comme le State Capitol Building (Richmond (Virginie)). Ses travaux restent marqués par l'idéologie de la République et de la démocratie dont le modèle reste Athènes.

La référence à l'Antiquité classique reste une orientation commune aux bâtiments officiels (capitoles, courts de justice) des États-Unis jusqu'au xxe siècle (Lincoln Memorial (1915-1921)) ; on peut rattacher ce goût à l'influence qu'exerça l'école des beaux-arts de Paris sur l'architecture américaine. De nombreux musées utilisent également les références gréco-romaines (portique et fronton au Cleveland Museum of Art ou auPhiladelphia Museum of Art) avec des allusions au panthéon de Rome (Brooklyn Museum de New York ; National Gallery of Art de Washington (district de Columbia)).


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Brooklyn Museum de New York
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Lincoln Memorial, États-Unis (Henry Bacon)

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Monticello, États-Unis (Thomas Jefferson)
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National Gallery of Art de Washington

2-3-a La vision de Thomas Jefferson : architecture, république et démocratie

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La rotonde de l'université de Virginie
Thomas Jefferson, qui fut président des États-Unis entre 1801 et 1809, a manifesté de l'intérêt pour plusieurs domaines dont l'architecture. Ayant séjourné à plusieurs reprises en Europe, il souhaite appliquer la syntaxe formelle du palladianisme et de l'Antiquité à des édifices publics et privés, en ville et à la campagne. Il contribua à ce titre au plan de l'université de Virginie, construite à partir de 1817. Le projet, complété par Benjamin Henry Latrobe, lui permet d'appliquer ses conceptions architecturales. La bibliothèque universitaire est située sous une rotonde coiffée d'un dôme qui s'inspire du Panthéon de Rome18,6. L'ensemble présente une grande homogénéité grâce à l'utilisation de la brique et du bois peint en blanc. Pour le Capitole de Richmond en Virginie (1785-1796), Jefferson a pris le parti d'imiter la Maison Carrée de Nîmes, mais en choisissant l'ordre ionique pour ses colonnes. Il avait étudié le projet avec Charles-Louis Clérisseau alors qu'il était à Paris19. Homme des Lumières, Thomas Jefferson a participé à l'émancipation de l'architecture du Nouveau Monde en imposant sa vision d'un art au service de ladémocratie20. Il contribua à développer le style fédéral dans son pays et à adapter l'architecture néoclassique européenne aux valeurs républicaines nées de la Révolution américaine.

2-3-b Le Greek Revival :

Le style Greek Revival s'est épanoui en Angleterre et aux États-Unis aux xviiie et xixe siècles. En opposition au style palladien qui s'inspirait du modèle classique italien, il recherche la beauté en s'inspirant des formes et des proportions des anciens temples grecs. Il est considéré comme le premier style national aux États-Unis.

Vers la fin du xviiie siècle, il y eut un regain d'intérêt pour l'architecture classique en Europe et aux États-Unis. À l'origine basé sur l'architecture romaine, c'est dans les années 1820 que l'architecture américainecommença à glisser vers un style plus inspiré de la Grèce antique. De nombreux facteurs expliquent ce changement : la guerre de 1812 a entraîné aux États-Unis un mépris de tout ce qui pouvait rappeler l'Empire britannique, y compris en architecture. Le modèle romain appelé style fédéral, n'a donc plus été vu comme le meilleur et la Grèce est apparue comme le berceau de la démocratie. En outre, en 1821, ce pays entamait sa guerre d'indépendance contre l'Empire ottoman entraînant la sympathie des Américains, eux aussi indépendants depuis peu.

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Le capitole de Columbus (Ohio), 1861, Henry Walters, style néoclassique
Le style néogrec, qui s'inscrit dans le courant néoclassique, exerce un véritable attrait sur les architectes travaillant aux États-Unis dans la première moitié du xixe siècle. La jeune nation, affranchie de la tutelle britannique, est persuadée d'être la nouvelle Athènes, c'est-à-dire un foyer de la démocratie6. La constitution, rédigée en 1787, donne naissance à de nouvelles institutions qui nécessitent des bâtiments et imposent les principes de souveraineté nationale et de séparation des pouvoirs. L'architecture officielle et même civile ou religieuse (ce qui constitue l'originalité des États-Unis), reflète cette vision et prend pour modèle les édifices de l'Acropole. Les Propylées sont reproduits à une autre échelle au-devant des maisons dans les campagnes de la côte orientale. Benjamin Henry Latrobe (1764-1820) et ses élèves William Strickland (1788-1854) et Robert Mills (1781-1855) obtiennent des commandes pour construire des banques et des églises dans les grandes villes (Philadelphie, Baltimore et Washington DC). Latrobe s'illustre par l'édification de la Banque de Pennsylvanie qu'il dote de deux portiques ioniques et par la cathédrale St Mary de Baltimore6. Surtout, les capitoles des États fédérés adoptent le type néogrec comme en Caroline du Nord (Capitole de Raleigh, reconstruit en 1833-1840 après un incendie) ou dans l'Indiana (capitole d'Indianapolis). Un des exemples les plus tardifs de cette tendance est le capitole de Columbus dans l'Ohio, dessiné parHenry Walters et achevé en 1861. La façade sobre, la corniche continue et l'absence de dôme donnent une impression d'austérité et de grandeur à l'édifice. Il présente un plan symétrique et abrite la cour suprême et une bibliothèque.

2-3-c L'architecture officielle à Washington :




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La Maison-Blanche à Washington DC
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Le Capitole, Washington DC, 1815-1830, style néoclassique
La capitale fédérale des États-Unis est un bel exemple d'urbanisme homogène : le plan d'ensemble fut imaginé par le Français Pierre Charles L'Enfant. Cet idéal de ville monumentale et néoclassique est repris par les tenants du mouvement City Beautiful. Plusieurs villes voulurent appliquer ce concept, qui s'inscrit dans la tendance des Beaux-Arts, mais Washington DC semble le plus abouti d'entre tous. La Maison-Blanche a été construite après la création du Washington, DC par la loi du Congrès de décembre1790. Après un concours, James Hoban, un Américain d'origine irlandaise, fut choisi et la construction commença en octobre 1792. Le bâtiment qu'il a conçu a été calqué sur les premier et deuxième étages de Leinster House, un palais ducal de Dublin en Irlande et qui est maintenant le siège du parlement irlandais. Mais pendant la guerre de 1812, une grande partie de la ville brûla, et la Maison-Blanche fut ravagée. Seuls les murs extérieurs restèrent debout, mais elle fut reconstruite. Les murs furent peints en blanc pour masquer les dégâts causés par la fumée. Au début du xxe siècle, deux nouvelles ailes furent ajoutées pour faire face au développement du gouvernement.

Le capitole des États-Unis a été construit par étapes successives à partir de 1792. Le projet est d'abord confié au Français Étienne Sulpice Hallet, mais sera finalement réalisé par l'Anglais William Thornton19. Peu après la fin de la construction, il est partiellement brûlé par les Britanniques durant la Guerre de 1812. Sa reconstruction débute en 1815pour ne se terminer qu'en 1830. Durant les années 1850, le bâtiment fut agrandi de manière importante par Thomas U. Walter. En 1863, une imposante statue, Freedom, fut placée au sommet du dôme qui s'inspire de celui du Panthéon de Paris19. Le Washington Monument est un mémorial en forme d'obélisque érigé en l'honneur de George Washington, le premier président américain. C'est Robert Mills qui a fait les plans originaux en 1838. On peut apercevoir une différence de couleur vers le bas, c'est parce que sa construction a été arrêtée à cause du manque d'argent. D'une hauteur d'environ 170 mètres, il a été achevé en 1884 et ouvert au public en 1888. Le Lincoln Memorial(1915-1922) est un autre monument de la même série : d'un marbre et d'un calcaire blancs, le bâtiment reprend la forme d'un temple grec de l'ordre dorique sans fronton22. Son architecte, Henry Bacon, formé aux idées des beaux-arts, voulut que les 36 colonnes du monument représentent chacun des 36 États de l'Union à la mort de Lincoln.

Enfin, le Jefferson Memorial est le dernier grand monument construit dans la tradition des Beaux-Arts, dans les années 1940. Son architecte, John Russell Pope, voulut mettre en relief le goût de Jefferson pour les bâtiments romains. C'est pourquoi il décida d'imiter le panthéon de Rome et de doter l'édifice d'un dôme spectaculaire, qui s'élève à39 mètres au-dessus du sol. Il fut sévèrement critiqué par les partisans du style international.

2-4 Architecture néo-classique en France :

Le néo-classicisme architectural français s'est développé via plusieurs facteurs :
  1. Le développement des fouilles archéologiques en Italie avec la découverte de Pompéi et d'Herculanum à la fin des années 1730, puis dans le sud de la France.
  2. L'approfondissement de la connaissance de l'Antiquité, grâce aux publications savantes, étrangères ou françaises (Recueil d'antiquités (1752-1765). 
  3. Le développement d'un goût pour le pittoresque et d'un goût pour le sublime 
  4. Le développement du voyage en Italie des architectes, au contact des ruines antiques et des édifices de l'architecture renaissance de Palladio, Raphaël, Vignole.
Les premiers édifices néo-classiques sont édifiés sous Louis XV par Ange-Jacques Gabriel et Jacques-Germain Soufflot, sous l'impulsion du Marquis de Marigny directeur général des Bâtiments du roi, de 1751 à 1773

Le goût pour l'antique et le retour au classicisme s'expriment aussi bien dans l'architecture religieuse, que dans l'architecture civile, l'architecture privée - souvent via le modèle réinterprété de l'architecture privée dePalladio

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Château du Petit Trianon, Versailles
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Façade de l’école militaire, Sainte-Geneviève

2-4-a Ces édifices expriment une volonté de rupture par rapport au style baroque de la période précédente :


  1. Géométrie du plan (École militaire, Sainte-Geneviève)
  2. Simplicité des volumes de l'édifice (Hôtel de Bourbon-Condé, Hôtel de Montesquiou, Maison Huvé)
  3. Harmonie des proportions
  4. Prédilection pour la colonne et le fronton (École militaire)
  5. Décor sculpté limité, voire inexistant
  6. Usage d'ornements sculptés inspirés de l'antique : frises de grecques, de postes, rinceaux, festons, palmettes, etc.
  7. Mise en valeur de la surface minérale de l'édifice, soit que le mur soit nu ou traité en bossage 
  8. Raffinement de la distribution des volumes intérieurs (escalier du Grand Théâtre de Bordeaux, salle de l'Opéra de Versailles)
  9. Intégration de l'édifice dans un paysage ou un espace urbain.
Dans le domaine des jardins, ce sont les exemples de jardins appelés anglo-chinois qui se développent à la veille de la Révolution : parc de Désert de Retz, parc de Méréville, parc de Maupertuis, jardin du Hameau de la Reine à Versailles par Richard Mique, jardin du domaine de Montreuil par Jean-Jacques Huvé, parc Monceau pour le duc d'Orléans. Contrairement à la symétrie des dessins de Le Nôtre, ces jardins allient une nature qui se veut non domestiquée à des morceaux d'architecture fantaisistes ou d'aménagements pittoresques (grottes factices, cours d'eau, cascades, fausses ruines gagnées par la végétation, etc.). Les principaux représentants du néo-classicisme architectural français à la veille de la Révolution ont été Ange-Jacques Gabriel, Jacques-Germain Soufflot, Étienne-Louis Boullée et Claude Nicolas Ledoux. Les édifices respectifs des deux derniers, réalisés ou bien restés à l'état de projet utopique (cénotaphe à Newton de Boullée, projet de cité idéale à Arc-et-Senans de Ledoux), ont influencé les architectes et théoriciens du xxe siècle.

Le goût pour l'antique et l'inspiration classique ont perduré dans l'architecture française jusque tard au xixe siècle, au moment où prenaient le pas d'autres courants esthétiques : l'historicisme, l'éclectisme et le rationalisme architectural qui ont eux-mêmes pu se décliner en néo-gothique, néo-roman, néo-renaissance, etc.

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Arc de triomphe du Carrousel
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Église Saint-Louis

2-4-b Claude-Nicolas Le doux (L'utopiste) :


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Projet pour la ville de Chaux
Autour de la saline royale, Ledoux formalisa ses conceptions innovantes d'un urbanisme et d'une architecture destinés à rendre la société meilleure, d'une idéale chargée de symboles et de significations. Il est considéré, avec Étienne-Louis Boullée et ses projets de Cénotaphe de Newton ou de basilique, comme l'un des précurseurs du courant utopiste.

Dès 1775, il avait présenté à Turgot les premières esquisses de la ville de Chaux, dont la saline royale devait former le centre. Le projet, constamment perfectionné, fut gravé à partir de 1780.

Utopiste radical de l'architecture, enseignant à l'École royale des beaux-arts, il crée un singulier ordre architectonique, une nouvelle colonne formée d'une alternance de pierres cylindriques et cubiques superposées à l'effet plastique saisissant. L'époque est alors au retour à l'antique, à la distinction et au dépouillement, au goût pour le style "rustique".

2-5 Architecture néo-classique en Royaume-Uni :

Architecture géorgienne en vogue uniquement en Grande-Bretagne sous les règnes des quatre George (1715-1820) ; elle s'applique aux demeures privées, mais aussi à des aménagements urbains relativement étendus.

2-6 Architecture néo-classique en Italie

L’architecture néo-classique en Italie est, dans la péninsule comme dans tous les pays occidentaux, la phase de l'histoire de l'architecture qui, après l'époque du baroque et du rococo, s'est orientée vers l'âge classique de la Grèce et de la Rome antiques en reprenant les idéaux et les apparences formelles. Influencée par l'attrait pour la mythologie qui régnait à l'époque où le Grand Tour marquait la formation de générations entières de nouveaux artistes et de toute une classe sociale, de l'aristocratie à la haute bourgeoisie, elle s'est développée dans la seconde moitié du xviiie siècle. Le phénomène s'est prolongé jusqu'auxixe siècle et il est bien difficile d'arrêter des dates précises : le néo-classicisme se fond en effet avec l'éclectisme1, ou bien continue à s'affirmer parallèlement à celui-ci, finissant par laisser des témoignages dans l'architecture contemporaine.

En Italie, on note la construction de quelques édifices classicisants à partir de la seconde moitié du xviiie siècle. Le néo-classicisme ne s'est toutefois pas affirmé de manière unitaire sur tout le territoire, encore divisé à l'époque en une multitude de petits états souvent sous le contrôle direct de gouvernements étrangers. À Rome, par exemple, ont été réalisés d'extraordinaires monuments se ressentant encore de la culture baroque et rococo (comme la place d'Espagne ou la fontaine de Trevi)

3- Batiment de style neoclassique :


Syntaxe et langage d’un batiment de style néoclassique :

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Syntaxe et langage d’un batiment de style néoclassique

Le style néoclassique se caractérise par une longévité assez extraordinaire à Bruxelles. Le terme est général et recouvre des réalités variées. Dans l’inventaire, il désigne des types de constructions mitoyennes qui voient le jour de 1840 à 1914 environ. Le néoclassicisme domine l’architecture privée bruxelloise jusque vers 1890. Interprété tant pour les maisons bourgeoises que pour les habitations modestes, il jouit alors de la faveur de tous les publics. Il connaît ensuite une certaine perte de vitesse et se limite à des productions relativement ordinaires. Qu’elles soient fastueuses ou modestes, les maisons restent malgré tout extrêmement cohérentes, du fait de l’idéal d’uniformité, d’ordre et de symétrie qui caractérise ce style.

Obnubilé par la symétrie, le néoclassicisme va naturellement de pair avec une composition symétrique de l’élévation. L’axe de cette composition est généralement mis en évidence par un traitement plus riche, comportant balcon, ressaut, ou fronton sur l’entablement. On parlera d’ailleurs plutôt d’une inspiration néoclassique lorsque les caractéristiques de ce style se combinent avec la composition asymétrique, qui se répand avec le style éclectique, vers 1890 environ. La façade est le plus souvent en briques enduites et peintes, renforcée de pierre bleue pour les éléments structurels (soubassement, linteaux, cordons, balcon…).

Des maisons cossues peuvent être parementées de pierre blanche de Gobertange, également mêlée de pierre bleue. Dans l’un ou l’autre cas, le rez-de-chaussée est parfois entièrement en pierre bleue. Les baies jouent essentiellement sur deux couvrements : le linteau et l’arc surbaissé. Un schéma extrêmement récurrent propose des baies rectangulaires au rez-de-chaussée, à encadrement plat en pierre bleue, et des baies à arc surbaissé aux étages, à encadrement mouluré, parfois frappé d’une agrafe décorative. Une corniche ou un élément d’entablement surmonte quelquefois, dans les beaux exemples, les fenêtres. La baie disposée dans l’axe de l’étage se différencie souvent par un traitement plus élaboré. Des bandeaux continus saillants en pierre bleue prolongent presque systématiquement les appuis de fenêtre et l’assise des balcons, ou séparent les niveaux. Les bossages sont le plus souvent continus en table. Ils rayonnent parfois audessus des baies et prennent majoritairement place au rez-de-chaussée, afi n de conférer une assise visuelle à l’élévation. Ils accentuent volontiers l’axe en mettant en évidence la travée centrale. Sous les baies, les allèges affectent la forme de table affl eurée ou fouillée, ou celle d’un U renversé, frappées ou non de besants. Disposées par deux sous l’éventuel balcon, les consoles, invariablement en pierre bleue, s’ornent de glyphes et parfois de gouttes à leurs extrémités. Le garde-corps des balcons est tantôt une balustrade de pierre, tantôt une grille en fer forgé ou en fonte, fl anquée ou non de dés de pierre. La menuiserie se divise presque exclusivement en formes rectangulaires. La porte compte souvent deux vantaux panneautés et un dormant à imposte vitrée. Les fenêtres, lorsqu’elles ont conservé leur aspect d’origine, comportent ordinairement deux battants sous imposte, la division des châssis affectant ainsi la forme d’un « T ». Dans les exemples soignés, des denticules ornent les traverses. Couronnant la façade, l’entablement se compose dans la majorité des cas d’un cordon d’architrave mouluré, d’une frise alternant tables et trous de boulin parfois munis d’un cache (étoilé, en pointe de diamant ou en tête de lion) et d’une corniche en bois rythmée de denticules et de mutules. Dans les exemples les plus imposants, d’opulentes consoles ornementées prennent place sous la corniche.

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