Université de Béchar
Master I. Préservation du cadre patrimonial bati au Sahara
Histoire de la consevation I
Enseignant Abdelmalek Houcine
Cours 7. Le patrimoine institutionnel de l’espace ksourien
III. Les corporations de métiers
« La ville musulmane est essentiellement bâtie sur l’idée du marché et la constitution de la cité musulmane ressort des corporations de métiers. » (Louis Massignon).
Plan.
1. Introduction
2. Structure des corporations de métiers.
3. Activités des corporations de métiers.
4. Rôle des corporations dans la gestion urbaine.
5. Conclusion
6. Les services urbains en Annexe
Bibliographie.
1. Massignon, Louis.- Les corps de métier et la cité islamique.- in Revue internationale de sociologie, XVIII, 1920.
2. Nafidah Souwid ( الحرفيون و دورهم التاريخي فى تطور المدينة العربية الإسلامية )
2. Nafidah Souwid ( الحرفيون و دورهم التاريخي فى تطور المدينة العربية الإسلامية )
3. Raymond André. —Problèmes urbains et urbanisme au Caire aux XVII° et XVIII° siècle.- Colloque international sur l’histoire du Caire, du 27 mars au 5 avril 1969, le Caire, 1972.
1. Introduction
Les orientations de la charia sont claires au sujet du travail en général, et l’artisanat et métiers en particuliers. De nombreux versets coraniques et Hadidh du Prophète, incitent les Musulmans, non seulement à travailler, mais inscrivent la miséricorde d’Allah à ceux qui cherchent la perfection dans l’accomplissement de leur métier. Nous nous contentons de citer les versets suivants :
قال تعالى: "وقل اعملوا فسيرى الله عملكم ورسول والمؤمنون
وقال تعالى: "وأما من آمن وعمل صالحاً فله جزاء الحسنى"
طـلـب الكـسـب فـريـضـة عـلى كـل مـسـلم : suivant Hadith le Et
« La recherche d’un métier , est un devoir pour tout musulman . » - Le deuxième calife Omar Ibn el-Khattab a dit : « Lorsque je vois un homme et me plait, je cherche à connaître s’il a appris un métier ? Si les gens me disent : non, je n’ai plus de l’estime envers lui. »
Ces directives générales, ont favorisé la promotion du mouvement artisanal dans la société islamique au point où chaque cité possédait une structure bien organisée des arts et des métiers qu'on appelait ( الطـوائف الصناعية ), les corporation des métiers. Ces structure étaient tellement organisées, qu’elles avaient parvenues à jouer un rôle très important dans l’administration économique et culturelle de la cité et son organisation spatiale.
2. Structure des corporations de métiers.
Toute corporation est administrée par un « Cheikh », appelé « el-Amin » au Maghreb, « elAsta », « el-Maallam », ou encore « el-Arif», en Orient. Ce gestionnaire est choisi parmi les experts du métier en question, ou à travers des élections organisées par les membres de la corporation sous le regard attentif du Mohtasib et son consentement, jouant ici le rôle du représentant du gouverneur de la cité appelé « Sahib el-Madina. Une fois désigné, ce « Cheikh », représente sa corporation vis-à-vis « Sahib el-Madina ». Il est souvent sollicité et consulté par ce derniers, au sujet de tout ce concerne l’exercice du métier de sa corporation : détermination des prix des produits, leur qualité,…
Les membres affiliés à la même corporation, sont structurés selon des grades hiérarchiques conformément à leur savoir-faire : affilié-apprenti, affilié-membre artisan titulaire ( صانع مدرب ), enseignant ( معلم ), corporation la de Cheikh ( شيخ الطائفة ).
Le passage ou promotion d’un grade à un grade supérieur se faisait solennellement durant une réception officielle, organisée par l’ensemble des affiliés à la corporation, et en présence toujours du représentant du gouverneur qui était souvent le Mohtasib. Nafidh Souwid, nous décrit avec précision, les moments forts de cette cérémonie :
« Cette cérémonie commence par la lecture de la Sourate el-Fatiha, puis quelques versets coraniques. Puis, commence la cérémonie d’el-chad, qui consiste à ceinturer au niveau des hanches, le promu au grade supérieur, par un cordon spécial comportant plusieurs nœuds pratiqués par les soins des grands experts de la corporation, présents à la cérémonie. Ensuite, on fait porter au candidat des habits spéciaux connus sous le nom du Seroual , on met ensuite un shale sur ses épaules . On lui rappelle ses devoirs professionnels.Il doit accepter toutes les obligations de son métier et ne pas les négliger. Les quasi-totalités de ces devoirs concernent la bienveillance et les bons comportements, notamment la patience, la modestie, et l’obéissance totale aux devoirs de sa profession, les orientations de ses maitres, sa famille. Les festivités se terminent par la dégustation d’un bon festin présenté par les mineurs apprentis de la corporation. ».
Elia Kodsi, a publié en 1882, une étude très complète sur la cérémonie et le serment d’initiation au sujet des corporations de Damas. L’aspirant qui va devenir maitre doit participer à une cérémonie à trois événements :
- D’abord, par les attouchements et les signes des mains et des pieds, à ce que l’on appelle « أخـد الـيـد » la prise de la main.
- Ensuite, le Cheikh el-Ta’ifa, le président de la corporation, qui préside en même temps la cérémonie, lui ceint une ceinture; c'est ce que l'on appelle le ( شــد الـحـزا م ).
- Enfin, c’est un banquet corporatif que l’on appelle le ( التمليح ) , c’est à dire partager le sel. Un parrain accompagne l’aspirant, et le garantit au point de vue de sa préparation. L’aspirant doit participer aux frais de la cérémonie. Louis Massignon, évoque aussi la lecture d’un doustour ( دستور ) ou charte, lors de la cérémonie. C’était un ensemble de règles jurées par un serment solennel, une espèce de codes, ou droit coutumier.
« Ce code, dit L. Massignon, implique de la part des adhérents, de faire du bon travail, de vendre à juste prix. Et lorsqu’ils veulent changer les prix, s’ils menacent de faire grève, ils ont une phrase assez particulière, ils disent : le métier ne va plus. Et cette espèce de déclaration de grève indique qu’il faut réviser les tarifs. »
Ce code stipule entre autre, l’interdiction de l’usure ( الربى ) et la concurrence déloyale.
C’est le juste prix qu’il faut adopter, et non pas l’esprit de concurrence qui doit régner. Notons qu’Istanbul, comptait en 1640, 600 corporations qui étaient groupées en 24 classes.
3. Activités des corporations de métiers.
Les corporations de métiers, possédaient une gestion interne, bien organisée. Nous la résumons comme suit :
- Apprentissage et transmission des secrets du métier aux nouveaux affiliés et mineurs.
Les relations entre enseignés et enseignants, sont clairement définies.
- Contrôle technique de l’ensemble des adhérents à la même corporation. Les fraudes étant proscrites, les malfaçons au niveau des produits aussi, et il faut faire valoir les droits du consommateur en terme de qualité et prix.
- Établir une large consultation pour mieux déterminer les prix des produits d’une part, et les salaires des travailleurs exerçant au sein de la corporation, d’autre part.
- Intervention dans les règlements des contentieux et litiges qui surgissent entre les membres de la corporation.
- Cheikh el-Ta’ifa ou el-Arif, est considéré comme le représentant officiel de la corporation vis-à-vis du Mohtasib qui jouait souvent le rôle du représentant du gouverneur de la cité au niveau du Souk.
Cette séries de fonctions, nous rappelle l’organisation administrative des syndicats européens et les chambres de commerce. Mais ce qui est important, c’est que les quasitotalités de ces corporations étaient constituées de membres issus de la classe générale de société. Cette position leur a permis de contribuer d’une manière efficace, dans la vie quotidienne de la société urbaine. Ils participaient dans l’organisation des grandes festivités aussi bien religieuses qu’occasionnelles.
4. Rôle des corporations dans la gestion urbaine.
Les corporations de métiers, étaient donc un élément fondamental de la vie urbaine. Elles permettaient aux autorités urbaines, de contrôler l’ensemble des catégories socioprofessionnelles de la cité islamique. En arbitrant les disputes entres membres de la corporation, en réglant les conflits et en sanctionnant les fautes commises, les cheikhs des corporations contribuaient à l’administration de la cité et au maintien de l’ordre. Par l’intermédiaire des Cheikh des corporations, étaient collectées un certain nombre de redevances qui étaient levées sur les métiers et qui constituaient une grande partie des ressources fiscales de la cité. Quand les gouvernants avaient besoin de mains d’œuvres pour accomplir certains services urbains telles que la lutte contre les incendies, ou le nettoyage des Derb et khitat ( rues), c’étaient aux corporations de métiers et à leurs cheikh qu’ils se dirigeaient .
Origine de la commune.
D’après Louis Massignon, la commune n’est qu’une corporation puissante autour de laquelle, gravitent les autres corporations. Comme il y a des intérêts communs, purement commerciaux, unissant les habitants, elles arrivent à faire un cahier de revendications et à l’imposer au gouverneur.
« Les communes dit-il, sont des fédérations de métier. », « …. La commune de Paris, a comme noyau une corporation de métier particulièrement puissante qui s’appelait les marchands d’eau, c’est à dire ceux qui servaient à faire le commerce de la moyenne Seine. »
L. Massignon, nous démontre clairement que la corporation de métier, est une institution d’origine purement musulmane. Elle est passée ensuite, en occident.
« On sait historiquement dit-il, que pour la corporation des maçons, par exemple, en Occident, à la fois les secrets de métiers et la corporation même viennent de l’Orient, s’établir en Lombardie et ensuite en France, nous pouvons supposer ( puisque la courbe même de la progression des communes, nous montre que le mouvement vient d’Orient le long des voies de commerce au moment même des croisades, au moment où le commerce a été le plus intense avec l’orient ) , nous pouvons supposer qu’il y a bien là une réaction d’une forme de vie sociale musulmane sur la vie sociale de la chrétienté . »
Pour étayer sa thèse, Massignon évoque la quatrième source du droit musulman, qui est el-Ijma’ ou « l’unanimité ». Dans la commune, les délibérations, doivent être prises à l’unanimité : « C’est précisément dit Massignon, le principe musulman de l’Ijma’. ». Il ajoute plus loin : « En Islam, une sentence n’est pas valide s’il n’y a pas une unanimité, un consensus. ». Il faut donc l’unanimité, et non la majorité. Par ailleurs, les corporations de métier, ont utilisé un certain nombre de mots arabes passés à plusieurs langues, tels que le mot «tarif » signifie l'indentification ou ( التعريف ), le mot « douane », c'est ( الديـوان ), ou encore le mot « charte » veut dire « condition », ( الشـرط ).
5. Conclusion.
Les corporations de métiers, étaient donc un élément fondamental de la vie urbaine. Elles permettaient aux autorités urbaines, de contrôler l’ensemble des catégories socioprofessionnelles de la cité islamique. Les cheikhs des corporations contribuaient à l’administration de la cité et au maintien de l’ordre. Par ailleurs, elles contribuaient substantiellement aux ressources fiscales de la cité. Une grande partie des services urbains ne pouvaient être assurée sans la concours des corporations, telle que la lutte contre les incendies, le nettoyage des rues ou encore l’alimentation en eau potable.
D’une manière générale, les corporations étaient un lien administratif entre la classe gouvernante et les sujets. D’après Louis Massignon, les corporations de métiers islamiques étaient la base de l’émergence de la commune. « La commune n’est qu’une corporation puissante autour de laquelle, gravitent les autres corporations ».
Annexe (les services urbains)
1. Alimentation en eau potable.
Les corporations contribuaient efficacement dans l’alimentation en eau potable, des cités islamiques, nous étudions à titre d’exemple, Le Caire à l’époque ottomane. Au Caire, le problème de l’approvisionnement en eau potable, était particulièrement difficile à résoudre. Cette ville, ne pouvait compter sur l’eau de pluie qui enregistrait tout juste, trente millimètres en moyenne par an. Elle ne pouvait compter, non plus sur celle que fournissaient les puits (elle était trop saumâtre pour qu’on put la consommer en dehors des périodes de crise), ou le khalidj (canal) où coulait l’eau que pendant la crue du Nil qui, à l’époque ottomane était éloigné de 1300 mètres environ de la limite occidentale de la ville, sauf à la hauteur de bab « el-louq » qui n’était distant que de 800 mètres de la rue du fleuve. La distribution de l’eau, se faisait donc, pour l’essentiel, à partir du Nil, suivant deux modalités différentes :
- Portage de l’eau par la corporation des « el-Saqqa’in » (porteurs d’eau)
- Stockage dans des équipements appelés « Sébil »
- Les marchands d'Alger.
A. Portage de l’eau par la corporation des « el-Saqqa’in », ( الساقيين ) dont le nombre, atteignait une dizaine de mille et qui faisait le va-et-vient entre le Nil et la ville, à à l’aide des milliers de chameaux et d’ânes pour porter les outres (rawiya en peau de buffle, ou garba en peau de bouc). Ils étaient organisés en cin q corporations de métiers suivant une double spécialisation technique et géographique :
- Une corporation utilisait les chameaux et était localisée à Bâb el -louq, dans une position centrale à proximité du fleuve.
- 4 corporations utilisaient les ânes et étaient localisées les anes et étaient localisées à bab el-Bahr, bab el-louq, hara el-Saqq'in ( حارة الساقيين ), Qanatir el-Siba' ( قناطير السباع ), points échelonnés sur la limite ouest de la ville. La distribution en ville était répartie entre trois orporations, comme suit :
- une de vendeur d’eau de détail
- une de porteur d’eau des citernes (Sébil)
- une de porteur d’eau salée destinée aux usages domestiques.
L’eau était vendue aux passants ou à domicile et payée soit immédiatement, soit selon des modalités d’abonnement souvent ingénieuses : le porteur d’eau inscrivait sur la porte de son client des traits correspondants à la quantité d’eau fournie, ou se servait de colliers de perles bleues, dont il retirait une perle par outre apportée. L’autorité avait recours à ce service pour le faire intervenir dans d’autres services publics, telles que les incendies, l’arrosage de quelques artères centrales, dont chari’ el -Mou’iz ( شارع المعز ). Tandis que les Derb (artères centrale d’une hara ou quartier), Atfa (ruelles), et zouqaq (impasses), étaient considérés comme des propriétés privées indivises, dont les frais d’arrosage et entretien incombaient donc aux riverains.
Une privatisation hiérarchisée, conformément à la jouissance des habitants sur ces espaces non bâtis. En effet, les sens attribués aux notions de « public » et « privé », ne peuvent en aucun cas être appliqués à ce type d’espaces, souvent arborescent. Ceci renvoie à l’organisation de la famille musulmane, ses croyances, culture et pratiques sociales. En fait ses spécificités familiales et par conséquent sociales dictent nécessairement l’adoption des techniques appropriées pour satisfaire les services urbains. A notre sens ces techniques, sont engendrées d’une manière naturelle par la société urbaine : thèse très négligée par l’urbanisme dit progressiste contemporain préconisé par la charte d’Athènes et tant recherché par l’urbanisme écologique contemporain. Passons à la deuxième modalité.
B. Stockage dans des équipements appelés « Sébil »
Dans le système d’approvisionnement en eau du Caire, un rôle très important était joué par les Sébils, dont les réservoirs permettaient de stocker l’eau en vue de sa distribution ultérieure. Les Sébil sont des équipements constitués en waqf. Comme leur nom l'indique ( فى سبيل الله ), c'est une aumone consacrée à la distribution de l’eau, sans contrepartie financière ou autre. Leur construction, gestion et fonctionnement est assuré essentiellement par les rentes des biens waqf. La « description de l’Egypte », évalue le nombre de Sébil au Caire ottoman à trois cent. Voir leur localisation sur la carte. La répartition de ces Sébil, sur la carte du Caire, est conforme à la répartition de la population. La construction de ces fontaines, est logiquement liée à u ne population dense. Ces Sébil étaient habituellement constitués :
- d’un réservoir où l’eau était stockée,
- d’un rez de chaussée où se faisait la distribution de l’eau
- d’un étage occupé par un « maktab », sorte de médersa où les riverains peuvent venir apprendre le Coran. C’est pour cette raison, qu’ils ont été souvent appelés : « Sébil-Kouttab ».
La fourniture de l’eau était, par excellence, une œuvre pie, aussi, trouve- t- on parmi les fondateurs de Sébil, des Pacha, des Bey, des officiers, des Odjaq, et des habitants aisés. Les Sébil sont mentionnés dans de nombreuses fondations pieuses. Les waqfs, constituent un moyen efficace pour assurer la pérenn ité de ce service public, tant vital dans la vie de la société urbaine. D’autant plus important, quand on sait que la plupart des devoirs religieux ne sont valables qu’après les ablutions.
Les actes des waqfs, font état des dispositions minutieuses fixant le montant des sommes affectées pour le remplissage des réservoirs, à la rémunération des gestionnaires, à l’entretien du monument et de son matériel, jusqu’à même la fourniture d’huile et de fanaux pour l’éclairage de la façade, durant le mois sacré du ramadhan et les fêtes religieuses. Relevant essentiellement des waqf, des exemples de Sébil ont été traités dans la section consacrée au rôle des waqf dans le développement urbain.
Notamment dans les travaux de l’Emir Ali Khéthuda, ceux d’Ibrahim Agha et ceux de Ridwan Bey. L’approvisionnement en eau du Caire en eau, fut parfois perturbé par les répercussions des crises politiques : la source d’où s’approvisionnaient les Saqqa’in, était trop lointaine pour que, en période de trouble, la fourniture ne fut pas compromise. Mais, au total, cette combinaison originale des corporations des Saqqa’in, et la construction des Sébil, dans le cadre des waqf, fonctionnait d’une manière satisfaisante.
Notons enfin, que le Mohtasib, qui était un fonctionnaire nommé et rémunéré par le Beyt el-mal ( بيت المال ) ou trésorie municipale, avait un oeil sur la conduite du Nadhir ( الناظر ) ou gérant du waqf, pour la bonne exécution des prescriptions établies par le constituant dans sa waqfiat . C’est cette harmonie et complémentarité qui existait entre le pouvoir municipal et la population urbaine, qu’il faudra actuellement restaurer pour faire face aux besoins de la société en matière des services urbains. Cette restauration n’est possible que si l’on adopte des techniques adaptées aux spécificités sociales et soutenues par la population.
C. Les marchands d'Alger.
Diego de Haëdo, nous renseigne sur les marchands d’Alger où se tenaient les cérémonies des corporations de métier, sans s’étaler sur les détails. En revanche il nous offre une idée précise sur le nombre de ces corporations en le mettant en rapport avec la population totale d’Alger au XIVe siècle.
« Les marchands forment la cinquième classe de la population d'Alger ; elle est assez nombreuse. Elle se compose de Turcs de naissance, de renégats ou enfants de renégats, parmi lesquels on trouve aussi quelques juifs qui se sont volontairement convertis à l'islamisme ainsi qu'il arrive chaque jour. Beaucoup de ces marchands ont été d'abord des janissaires ou marins et se sont donnés au commerce parce que ce genre de vie leur a paru plus paisible et exempt de périls. D'autres, dès l'enfance, sont dressés à cette carrière par leurs maîtres et patrons. Les marchandises sur lesquelles ils opèrent sont celles qu'il y a en Berbérie, dans la partie qui répond à Alger, savoir : blé, orge, riz, vaches, bœufs, chameaux, moutons, laines, huiles, beurre, miel, raisins secs, figues, dattes, soie ; on ne peut traiter en cuirs et en cire qu'autant qu'on a obtenu une permission du pacha pour acheter ces deux denrées aux Maures et les revendre aux chrétiens. …..Leurs boutiques qui sont nombreuses sont dirigées par leurs fils, ou des renégats en qui ils ont confiance … Ces boutiques, dans les divers souks sont au nombre d'environ 2.000 ; il n'est pas d'usage d'y habiter, les maisons où ces marchands logent avec leurs familles s'élèvent à peu près à 3.000 ».
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C.patrimoine
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