Le politique de l'habitat en Algérie: Les grands ensembles




 

Les grands ensembles sont un phénomène universel, mode de production de logement en masse après la deuxième guerre mondiale. Guidée essentiellement par des urgences de crise de logement.
 Selon le « géo politologue » Yves Lacoste, un grand ensemble est une « masse de logements organisée en un ensemble; Cette organisation n’est pas seulement la conséquence d’un plan masse, elle repose sur la présence d’équipement collectifs (école, commerces, centre social…)
[…] Le grand ensemble apparait donc comme une unité d’habitat relativement autonome formée de bâtiments collectifs, édifiée en un assez bref laps de temps, en fonction d’un plan global qui comprend plus de 1000 logements ».


Historique :
Le terme de « grand ensemble » apparaît avant guerre, en 1935, sous la plume de l’architecte Marcel ROTIVAL. Il prend ensuite une connotation administrative et technico-économique, Lorsqu’en 1951 Eugène Claudius -Petit, ministre de la Reconstruction et de l’Urbanisme (MRU), fait autoriser un programme de 10 000 logements en « constructions normalisées »
 La définition que l’on peut en donner est celle d’immeubles de grandes proportions– « tours et barres » – dans leurs larges majorités composées de logements locatifs sociaux, édifiés de façon très rapide entre 1955 et 1975 selon les méthodes répétitives de la construction industrialisée.


La genèse des grands ensembles en Algérie :
En Algérie, la genèse des grands ensembles, est liée à la fois à la croissance du phénomène urbain, au développement de l’approche urbaine et instruments d’urbanisme, qui ont permis leur élaboration et mise en œuvre, et enfin à l’adoption de techniques de préfabrication et d’industrialisation du bâtiment.

 Leur apparition, s’est faite essentiellement selon deux phases et deux contextes différents :

La première phase :
Durant la période coloniale. Leur apparition coïncide essentiellement avec le lancement du plan de Constantine en 1956, et l’introduction de la pensée urbaine moderniste en Algérie.

La seconde phase :

Durant la période postindépendance, cette dernière a été marquée par la mise en œuvre de la procédure ZHU, fruit de l’urbanisme opérationnel et véritable moteur de l’urbanisation en Algérie.

    Juste avant l’indépendance, ces grands immeubles allant jusqu’au 14 étages s’appelaient alors grands ensembles. En effet, les grands ensembles achevés à la fin des années clinquantes (1950s), et ceux qui ne l’ont été qu’après l’indépendance (opération carcasse), et même les premières Zones d’Habitat Urbain Nouvelles (Z.H.U.N) des années soixante dix (1970s), définie par la circulaire ministérielle N°335, doivent leurs méthodes de programmation et de conception à celles qui caractérisaient la France des années cinquante 50. 


Si pour les grands ensembles de l’époque coloniale, la logique de rentabilisation des terrains d’assiette, aboutissait à des grands immeubles allant jusqu’à 14 étages ; pour les Z.H.U.N des années soixante dix (1970s), c’est le souci de faciliter la tâche aux entreprises de construction qui a fini par engendrer des petits bâtiments ne dépassant pas les 5 étages. 


La qualité architecturale des grands ensembles :

Au sujet de la production de masse, le Corbusier signale bien qu’il est : «indiscutable qu’il faudra réfléchir sérieusement au problème de la conception des éléments en fonction d’un projet d’architecture particulier si on ne veut pas que l’architecture perde toute possibilité d’expression symbolique ». (LE CORBUSIER., 1982). Car sans elle, la symbolique, l’architecture n’existerait pas.  L’architecture des ces grands ensemble, la majorité des constructions sont identiques, ou se ressemblent beaucoup, construites selon des formes très simples, des parallélépipèdes, ou des carres. Le traitement de leurs façades est quasiment identique, à l’exception des couleurs qui changent sans harmonie apparente, ainsi que l’implantation à l’infini de blocs identiques rend l’orientation très difficile dans la cité. Car toutes les constructions se ressemblent pour les visiteurs.


 Donc ce qui résulte c’est la monotonie qui est accentue à savoir la répétitivité débilitante des façades et des ouvertures, la ressemblance des accès, l’absence de tout souci de personnalisation des murs vastes et vides dépourvus d’un ordre de référence horizontales et verticales explicites. La texture des façades manque de richesse, pauvres en volumes, en articulations et surtout en détails architecturale.

                L’ornement en tant que donnée importante de l’architecture, est totalement absent dans toutes les conceptions qu’elles soient de l’habitat ou des équipements. Les constructions sont dépouillées et toute valeur artistique en est écartée. L’enveloppe extérieure des bâtiments ne comportant aucun élément de décoration effective et ne gratifie pas le regard. 


L’architecture des ces grands ensemble, la majorité des constructions sont identiques, ou se ressemblent beaucoup, construites selon des formes très simples, des parallélépipèdes, ou des carres. Le traitement de leurs façades est quasiment identique, à l’exception des couleurs qui changent sans harmonie apparente, ainsi que l’implantation à l’infini de blocs identiques rend l’orientation très difficile dans la cité. Car toutes les constructions se ressemblent pour les visiteurs. 


               Donc ce qui résulte c’est la monotonie qui est accentue à savoir la répétitivité débilitante des façades et des ouvertures, la ressemblance des accès, l’absence de tout souci de personnalisation des murs vastes et vides dépourvus d’un ordre de référence horizontales et verticales explicites. 

La texture des façades manque de richesse, pauvres en volumes, en articulations et surtout en détails architecturale.
                L’ornement en tant que donnée importante de l’architecture, est totalement absent dans toutes les conceptions qu’elles soient de l’habitat ou des équipements. Les constructions sont dépouillées et toute valeur artistique en est écartée. L’enveloppe extérieure des bâtiments ne comportant aucun élément de décoration effective et ne gratifie pas le regard. 


L’écrivain Thierry PAQUOT a bien défini l’état avancé de dégradation des grands ensemble dans son pays mais on lisant son poème l’image de nos grands ensemble s’affiche face a nos yeux : « Il est là, massif, compact, gris et sale,…constituant un monde à lui tout seul. Il est là, à côté du centre ancien,… le ceinturent, l’enferment de bruits et de fureurs, l’isolent. Il est là, passif,  assoupi, perdant et perdu, hébété. “Bâtard !” Oui, le grand ensemble est le bâtard d’une pensée technocratique de l’habitat collectif et du chemin de grue…. De logement social “moderne” et confortable, édifié un peu trop vite afin de contrer la “crise du logement”, pour une population en ascension sociale, le grand ensemble devient le centre d’hébergement de travailleurs modestes, précaires, assistés et le plus souvent étrangers – étrangers à la ville, étrangers entre eux, étrangers à eux-mêmes » (PAQUOT. T, 2006).


Le grand ensemble ne peut plus faire ensemble. Chacun chez soi et tous les inconvénients à partager:  pollution  sonore,  cages  d’escaliers  mal,  et  dégradés,  regroupements  tardifs  et bruyants des jeunes au pied des tours, mauvaise desserte avec la ville, espaces verts lépreux, caves  abandonnées  aux trafiquants, parkings résonnant des  rumeurs les plus effrayantes, adresse stigmatisant, absence d’activités, etc. Le entretenues grand ensemble résulte d’un urbanisme de rupture et d’une architecture sans qualité.

              Les origines de la pollution visuelle dans les grands ensemble de l’ Algérie sont les nuisances tels que, l’air (fumée, poussières), eau (couleur, détritus flottants, boues), déchets solides (décharge, poubelles, épaves, terrain vagues), dégradation de la qualité architectural et végétal d’un site par des éléments anachroniques Automobiles, palissades de chantiers, mobilier urbain, enseignes,  signalisation,  équipement  divers  (lignes  à  haute  tension,  câble
Téléphonique, antennes parabolique), panneaux publicitaires, affichages sauvages.


              Dans le domaine de la « pollution visuelle » (expression préférable à la pollution esthétique) il est délicat d’évaluer l’impact des mesures qui peuvent être prises. En tout état de cause les services publics ou privés de lavage, d’arrosage, d’enlèvement des ordures, d’entretien des équipements, de ravalement des façades, d’éclairage,…ne intégration des infrastructures et du mobilier urbain, la réglementation de l’affichage et la publicité, la multiplication des espaces plantés…etc.


En guise de conclusion, l’apparition des grands ensembles en Algérie a été liée à la crise de logement, qui émanait essentiellement de l’explosion démographique et de l’exode rural. Construis selon les principes progressistes, en vogue à l’époque, ils incarnaient l’efficacité, la modernité et le confort. Pour l’état Algérien les grands ensembles étaient la solution recherchée. Séduits, les  pouvoirs publics ont essayé de développer leurs propres outils, matérialisés dans la procédure ZHUN, spécifié de l’urbanisme Algérien.
C’est ainsi que la mise en œuvre des Zones d’Habitat Urbain Nouvelle, s’est succédée sur le territoire national, et elles sont de ce fait le modèle le plus répandu en Algérie. Ce nouvel outil a été longtemps considéré comme moyen le plus rapide et le plus efficace dans la production de logements. Cependant après exploitations, peut ou encore affirmer que ces opérations sont
financièrement avantageux surtout à long terme ? En offrent- elles réellement un cadre de vie satisfaisant pour leurs usagers.

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