Crise de l’urbain ou crise de l’urbanisme ?
Les villes se transforment : les métropoles se démarquent
par leur gigantisme, leur hégémonie, insérant les territoires des alentours.
Elles abritent des populations dont les nombre était dévolu à des nations,
diverses, métissées, avec des attentes et des ambitions multiples. Elles sont
convoitées politiquement et économiquement. Marchés, haut lieu de la
consommation, laboratoire politique, elles ne cessent d’attirer les
investissements et les personnes en quête d’emploi (venant des contrées
transfrontalières).
Elles couvent également des problèmes inédits. Eclatement
urbain, surdensité, et ségrégation, difficultés de gestion, les métropoles
s’érigent en Ville/nation.
Cette situation a été favorisé par l’émergence de l’économie
« quartenaire » qui concerne la production des richesses immatérielles. Les
NTIC promettent beaucoup, et le monde constate les transformations qu’elles
apportent dans la vie quotidienne.
Les hommes ou une partie imposent certaines précautions, qui
sont aujourd’hui des contraintes nécessaires à la survie de l’espèce.
L’environnement et l’écologie ne sont plus des « valeurs » théoriques. Dans ce
sens le patrimoine s’est aussi épaissi : ce n’est plus uniquement le bâti
historique hérité et classé, désormais il comprend le patrimoine humain,
(éducation, science, santé…).
La discipline « urbanisme » semble impuissante à accompagner
cette complexité urbaine. Cependant la typologie construite par F. CHOAY est
toujours de mise, sauf que les formes dépassent de loi celles attendues, il y a
un demi-siècle.
Les progressistes, les culturalistes et les naturalistes ont
pour noms aujourd’hui, les modernistes qui enfourchent les innovations
technologiques apportées par les NTIC, les culturalistes laissent entendre leur
« écho » par le repli sur les valeurs authentiques toujours présentes dans le «
passé », la tradition ou dans le « local », enfin les naturalistes s’habillent
en écologistes pour garder leur ancienne position d’anti-urbain.
Sur le plan «
opérationnel », les urbanistes « avouent » leurs limites en matière
d’intervention et de pratique. Les nouvelles formes urbaines commandent de nouvelles
méthodes, de nouveaux profils et de nouvelles démarches.
Même si les doctrines se multiplient, l’urbanisme cesse
d’être une « affaire » politique seulement, ni « sociale » seulement, ni une
discipline qui ne s’intéresse qu’à éviter les vacuités spatiales.
Dans ce sens, l’implication collective, la concertation, la
participation, la recherche des financements et les soucis de gestion de
solvabilité deviennent des éléments fondamentaux. Ainsi, un système ou des
acteurs s’ingèrent dans les réflexions et les opérations qui concernent la
ville est mis en place pour réduire les marges de l’insuccès, et surtout pour
trouver le compromis nécessaire à une adhésion, nécessaire à la réussite de
projets impliquant les habitants d’une ville et même les générations futures.
Dans ce sens le PROJET URBAIN, polysémique et ouvert semble
être la doctrine indiquée pour parer à ces formes urbaines inédites.
« Le projet urbain politique est un projet pour la ville, en
tant que cite ; il propose des images collectives de l’avenir » (Merlin et
Choay 1996, 646). Le projet doit permettre «de toucher les décideurs et
d'emporter l'adhésion de la population du quartier ou de la commune autour de
l'affirmation d'une identité collective et d'une conception partagée de
l'avenir collectif » (ibidp.644).
Le projet urbain veut mobiliser l'ensemble
des acteurs autour d'une image future (Piton 1996, 127). Ascher (1991) parle
dans ce sens de « projet de ville »> et de « projet d’agglomération ». Ces
projets, qui rejoignent les objectifs de la planification stratégique,
nécessitent d'identifier les potentialités et les handicaps de la ville, les
enjeux majeurs, d'organiser une démarche de consultation et de partenariat et
de présenter un projet consensuel.
Les projets adoptes vont privilégier le
choix d'axes généraux de développement. Ils témoignent d'une réflexion sur les
moyens et les acteurs du développement urbain. Les interventions sur la ville
sont par la suite conçues de manière ciblée par l'intermédiaire de projets
spécifiques. Ascher (1995, 217) souligne que « l’efficacité, des schémas
directeurs adoptes ces dernières années tient moins a une précision, de toute
façon très illusoire, qu'aux effets de leur préparation et aux processus
enclenches à cette occasion ».
Il ne s'agit pas juste de consulter les acteurs
économiques, culturels et sociaux mais de les intégrer au processus
d'élaboration du projet (ibid).
Courier, Sabine Vers une définition du projet urbain, la
planification du réaménagement du Vieux-Port de Montréal. (Extrait). Canadian Journal of Urbain
Research.June 22, 2005
Source : A.BOUCHAREB. Projet Urbain. Master 1 Académique (2011/12)
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C.urbanisme