Cours 2. Concevoir un projet d'architecture - Initiation à la conception

Université Hadj Lakhder - Batna
Institut de génie civil, hydraulique et d'architecture
Département d'architecture
Master I
Semestre II
Module : La théorie du projet
Date: 05/05/2014

Concevoir un projet d'architecture

Initiation à la conception

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La conception au carrefour des arts et des sciences :

Même s’il est vrai que la question de l’invention et celle du passage de l’analyse d’une situation, en s’appuyant sur des idées connues, à une reformulation nouvelle et synthétique se posent également aux chercheurs scientifiques, aux inventeurs, aux créateurs de mode, aux architectes et aux artistes, est-il permis pour autant de faire comme si le processus d’invention à l’œuvre étaient justiciables d’une même analyse ? Ne serait-il pas plus prudent de faire l’hypothèse opposée, quitte à découvrir, après avoir étudié séparément chacun de ces processus, qu’ils partagent un certain nombre de traits communs ?
La conception architecturale est considérée comme un processus de la création qui émane d’une espèce de « boîte noire » que chaque concepteur construit à sa manière pour façonner le projet, et à force de forger comme dit l’adage on devient forgeron, c’est-à-dire qu’on acquiert une ou plusieurs démarches personnelles.
L’objectif de tous concepteurs dans la pratique architecturale, c’est le projet. Dans l’enseignement, c’est le processus qui y conduit : la mise en forme architecturale. Processus combien important pour l’enseignement, l’élève et l’architecte de carrière ; pourtant des tentatives très timides ont vu le jour. On reste toujours avide de connaissance dans ce domaine.
Produire une architecture, signifie, offrir une démarche compréhensible à tous à l’aide d’un langage pictural (le dessin) et d’un langage verbal (signification de l’œuvre, le sens que véhiculent les outils utilisés, leurs relations et le discours qui en ressort).
C’est un métier qui exige des connaissances et de la compréhension sur tout un éventail des secteurs scientifiques (mathématiques, géométriques, physiques, chimiques, sciences humaines et sociales, psychologiques,…toutes filières matérielles ou immatérielles). Qui sont l’essence même de l’architecture.
L’architecture n’est pas une opération mathématique où l’enseignant et l’élève sont d’accord ; elle est aussi réflexion qui semble parfois à priori contradictoire quand elle est mise à débat, mais vite dissipé quand on observe par la fenêtre du comportement humain.
L’architecture est la seule discipline qui ne repose pas sur des bases scientifiques, tantôt dans les beaux arts, tantôt dans un autre domaine ; elle se retrouve comme un pion à la main qui n’a pas sa place dans l’échiquier.
Le dessin pour l’architecte est le verbe pour l’écrivain, chaque trait est une brique, une somme de briques. Elle (la brique) est la mosquée bleue, la tour de pise, une pyramide, une cathédrale. Chaque brique est une mutation sociale, une mutation psychologique, une mythologie. La nature est un don de Dieu que l’homme transforme et exploite et comme dit Hamlet « le reste est le silence ». C’est-à-dire quand l’œuvre est finie, la sublimation avorte et tue les mots. C’est l’œuvre qui raconte son histoire.
L’époque classique tant chérie est révolue, l’architecture de nos jours échappe à tout traité, des tendances s’installent hors des styles de l’époque ancienne. L’académisme est déjà le passé.
Aldo Van Eyck résuma les préoccupations de la conception, c’est-à-dire de l’élément jusqu’à la relation et de l’ensemble en tant qu’unité jusqu’à la particule qui compose le tout. Il a dit : Le monde d’une maison-toi dedans, moi dehors, ou l’inverse. Comprends-tu ce que je veux dire ? Deux mondes qui s’entrechoquent sans transition. L’individu d’un coté et la collectivité de l’autre. Terrible ! Entre ces deux mondes la société crée en général un certain nombre de barrières, mais les architectes sont pour leurs parts si pauvres d’esprit, en créant des portes de 5cm d’épaisseur et de 2m de hauteur ! Est-ce là la réalité d’une porte ?
La plus grande réalité d’une porte est peut-être la localisation d’un geste humain merveilleux : venir et aller consciemment. La signification plus profonde d’une porte est quelque chose qui incluse le venir et l’aller qui sont des expériences vitales. Une porte est un lieu crée pour un événement. Une porte est un lieu crée pour une action qui se répète de milliers de fois au cours d’une vie humaine entre le premier venir et le dernier aller.
Quelle est la réalité d’une fenêtre ? On vous laisse le soin de répondre !
Van Eyck parlait d’un élément parmi des milliers qui composent l’architecture :
  • Le menuisier la voit d’un œil plutôt proportions, de forme et de matière.
  • Le propriétaire la voit comme le seuil d’une propriété, son chez soi, le seuil de son intimité, sa sécurité.
  • Van Eyck ou l’architecte, rassemble toutes ces préoccupations et en fait un « événement » au sens large du terme, un symbole, un concept qui véhicule une mémoire.
Prenant un autre exemple, une « meida » (petite table arabe) et la table occidentale. Au début on ne voit qu’une différence de proportions, car l’objectif étant le même : prendre un repas.
Ce n’est pas aussi simple que ça.
Ces proportions sont peut-être dues au climat (chaud/froid)
La table :
On s’élève du sol vers l’air chaud dans les pays du Nord, où le climat est relativement froid.
La meida :
On reste au contact du sol, dans la fraîcheur, dans les pays arabes, où le climat est relativement chaud.
Mais les conséquences de ces proportions :
La table : chacun mange seul (approche individualiste)
La meida : on mange ensemble dans le même plat (approche communautaire)
La table est une IDENTITE.
La meida est une IDENTITE
MEIDA+TABLE= une double personnalité.
Comme l’architecture dans ses rapports intrinsèques est l’aboutissement à une « forme », nous avons jugé d’introduire dans les premiers cours, une première préoccupation : qu’est ce qui sert de prémisses à la naissance des principes de la composition.
La partie des cours qui suivent, mettra en lumière les différentes grandes démarches et élucidera les objectifs d’un plan, d’une coupe et d’une façade.

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