Cours HCA: L'architecture romaine

L'architecture romaine

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I/ Situation historique et géographique

  • L'architecture romaine est essentiellement utilitaire : la construction des édifices est pour les Romains le moyens de domination. Pendant longtemps,on ne fit pas de distinction précise entre l'art grec et l'art romain. Par ailleurs, on ne peut pas associer l'architecture romaine à un typeparticulier d'édifice, comme ce fut le cas pour le temple dansl'architecture grecque. Celle-ci est le reflet d'une multitude d'édifices : terme, basilique, amphithéâtre,...etc.
  • Leur base d'organisation est axiale, l'axe se présente comme une caractéristique distinctive de l'architecture romaine. Dans l'empire Romain, des éléments orthogonaux et rotatifs sont combinés pour former des totalités complexes, organisées axialement. 
  • L'axe romain se réfère généralement à un centre résultant le plus souvent d'une intersection d'axes.
  • L'ordre orthogonal et axial renvoie à l'Egypte, mais en faisant d'un centre l'origine de cet ordre, les Romains transformèrent l'image statique des Egyptiens en celle dynamique, d'un univers.
  • L'architecture romaine réside dans l'utilisation étendue et variée des espaces intérieurs, ce qui fera caractériser l'architecture romaine de spatiale en contraste avec celle plastique des Grecs. En général, les Romains traitent l'espace comme une matière à modeler et à articuler.
  • Au lieu du système à entablement des Egyptiens et des Grecs, ils employèrent une sorte de béton qui fut coulé pour former des murs continus, des voûtes et des dômes.
  • Les Romains adoptèrent les ordres classiques ; ils s'en servirent cependant d'une manière fondamentalement nouvelle : des éléments qui, auparavant, étaient structuraux, furent réduits à une utilisation décorative des surfaces.
  • Le monde romain fut toujours centré sur la capitale : Rome.
  • L'empire romain entame son expansion à la fin du IVe s AJC, suite à la libération des Romains de la royauté Etrusque (grecque). Il assoit son autorité sur l'ensemble du bassin méditerranéen jusqu'au sud de l'île britannique : la chute de Carthage au cours d'une lutte décisive ouvre à Rome la voie de la Méditerranée dans la seconde moitié du IIIe siècle.
  • L'architecture et l'urbanisme suivent d'abord les modèles étrusques et grecs. A partir du IIe s se développent des modèles de construction spécifique.

II/ Edifices et articulation

  • L'intérêt romain pour l'espace comme moyen actif d'expression architecturale, les pousse à accorder l'importance principale aux espaces intérieurs ainsi qu'à l'intégration des édifices dans le cadre urbain.
  • Dés le départ le temple romain fut conçu d'une manière totalement différente de celle des Grecs. Le temple de Jupiter, par exemple, avec ses colonnes relativement minces largement espacées, l'intervalle plus prononcé encore entre les colonnes centrales, afin de souligner l'axe longitudinal matérialisé en un escalier frontal menant à un podium majestueux, ne peut se comprendre comme un corps plastique, car il manifeste avec évidence une orientation frontale.
  • Au cours de son évolution, le temple assimilera des éléments de l'architecture grecque tout en conservant ses traits originaux et même en les accentuant.
  • En général, le temple romain n'est pas isolé mais relié par derrière aux murs d'enceinte d'un espace organisé axialement, et qu'il domine.
  • Le fait qu'ils soient recouverts d'une voûte, le symbolisme cosmique de l'image spatiale se trouve complété. 
  • La maison à atrium illustre aussi le concept romain de l'espace. La chambre principale apparaît comme un espace centralisé, éclairée par le haut, traversé depuis l'entrée jusqu'au jardin péristyle à l'extrême opposée, par un axe longitudinal.
  • L'isolement caractérise la maison grecque, tandis que la maison romaine, par sa disposition axiale, fait partie d'un système spatial global : elle est à la fois fermée et reliée à son entourage.
  • Par ailleurs, l'articulation du mur romain ne correspond pas à la structure technique de l'édifice. Bien qu'apparaissent des éléments techniques tels que les arcs, le traitement formel dur mur cache la construction plutôt qu'il ne l'explique.

III/ Typologie architecturale

  • a. Habitat
Les Grecs en Italie du Sud et les Etrusques en Italie centrale construisent les premières demeures urbaines.
    1. La maison à atrium s'affirme au IVe s AVJ comme la maison typique de toute l'Italie. Les formes de l'atrium diffèrent par la construction du toit : dans l'atrium tétrastylcum, quatre colonnes soutiennent la charpente. L'augmentation des colonnes de soutien donnera naissance à l'atrium corinthien de type péristyle. Le compluvium est l'ouverture du toit, dont les pentes inclinées vers le bassin dans le sol de l'atrium évacuent l'eau de pluie. Le plan s'ordonne symétriquement autour de l'atrium. Le tablium s'ouvre largement vers l'atrium et une large baie le relie au jardin.
    2. La maison à péristyle naît des besoins croissants d'espace. A cet effet, la maison à atrium sera combinée avec la maison pompéienne à péristyle.
    3. L'insula : L'augmentation de la population depuis le IIe s AVJ, nécessite la réalisation de grands immeubles urbains. Les premiers bâtiments (insulae) sont réalisés par transformation et assemblage de maisons à atrium. Des escaliers indépendants permettent d'accéder à des appartements de location en étage (cenacula). Une partie du rez-dechaussée est réservée à des boutiques et ateliers.
  • b. Villa et palais
    1. Villa : La ferme romaine, la villa rustica est à l'origine des nombreuses villae, à la campagne et à la ville. C'est une construction à trois ailes en péristyle qui forme un rectangle fermé. La villa à portique se compose d'un long bâtiment central rectangulaire, situé entre les ailes latérales, où des pavillons forment saillie.
    2. Palais : Dans le palais de Dioclétien à Split, les murs sont fortifiés et présentent une hauteur de 18 m, tournés vers la campagne, sont flanqués de tours carrées ou orthogonales. Les portails sont protégés par des donjons et marquent les extrémités des axes. Les rues à colonnades, cardo et decumanus divisent le palais en quatre secteurs : Les troupes et l'administration logent au Nord ; au Sud, se trouve le mausolée et la cour du temple.
  • c. Architecture religieuse
    1. Sanctuaire : A l'exemple du sanctuaire de Jupiter érigé sur le Capitole à Rome. Les sanctuaires romains suivent le schéma grec-étrusque mais, ils sont élaborés suivant les règles géométriques. La place est dominée par un temple sur podium.
    2. Temple : La construction sacrée romaine réunit des éléments étrusques et grecs. C'est la forme de base des temples. Elle trouve son origine dans le mégaron.
    3. Basil_àique : Il s'agit d'un bâtiment à multiples usages : marché, banque, bourse, tribunal et lieu de rencontre. Elle fait partie du forum et adopte une forme rectangulaire. Le progrès de la technique des voûtes permet d'abandonner la position serrée des colonnes et de passer à des conceptions larges de l'aménagement des espaces.
  • d. Architecture utilitaire
    • 1. Thermes : Les thermes avec leurs bassins et leurs piscines à différentes températures sont des établissements publics dans toutes les villes de l'Empire. A partir du bain, se développent des centres de relaxation destinés à la population : sport, jeu, ...etc.
Les composantes du bain sont :
      • Vestiaires et salles de repos (apodyterium)
      • Piscine ouverte (natatio)
      • Bains chauds (caldarium)
      • Etuve (sudatorium)
      • Bain froid (frigidarium)
Le schéma classique du bain romain : apodyterium ? tepidarium ? caldarium
    • 2. Théâtre et amphithéatre : Contrairement aux grecques, le théâtre romain n'a pas de relation avec le fait religieux. La pièce de théâtre vise uniquement à distraire le public. Parmi les jeux et les exhibitions, se sont les combats de gladiateurs. Les lieux où se déroulent ces spectacles sont en général des amphithéâtres : tribune et arène.
    • 3. Bâtiments commerciaux : A l'exemple de huileries ou encore de Marchéde Trajan à Rome qui est constitué de six niveaux s'adossant à la collinedu Quirinal.
    • 4. Travaux routiers et hydrauliques : La construction d'un réseau routier stratégique (routes et ponts) débute en 312 AVJ. Qu'il s'agisse de pont ou d'aqueduc nécessaire à l'alimentation d'eau, l'élément à la base de leur structure est un arc appareillé en pierre que l'on superpose.
    • 5. Panthéon : Le Panthéon réalise pleinement la conception de l'édifice à salle centrale entamé en 118. En plus du lieu de culte, il est aussi le tribunal. La forme de coupole correspond dans sa symbolique complexe à l'union de la fonction de culte et de l'Etat.
Conclusion :
• Conception de l'espace et évolution historique
Quelle que fût la tâche de construction ou le niveau de l'environnement, les Romains utilisèrent toujours la même image spatiale fondamentale. Cette image représentait un ordre universel synthétisé à partir, d'une part, de certains phénomènes naturels, tels que les points cardinaux et, d'autre part, de symboles très anciens comme la verticale « spirituelle » et l'horizontale « profane » et les concepts de centre et de parcours.
La caractérisation la plus évidente de l'architecture romaine et son uniformité.
• Signification et architecture
L'organisation romaine se fondait sur une attitude religieuse. Alors que nous ignorons la date de fondation des édifices grecs importants, tous les monuments romains furent construits à l'occasion d'événements historiques.
L'environnement construit devient donc une concrétisation de l'état romain spatial et historique.

IV/ Formes architectoniques : construction et décor

a. Ordre toscan
L'ordre toscan s'inspire de l'architecture dorique. Les colonnes toscanes sans cannelures se dressent sur une base formée d'une plinthe et d'un tore.
Les chapiteaux présentent différentes variantes du modèle dorique. Sous la République, la préférence va à l'ordre dorique alors que sous l'Empire est retenu
b. Ordre composite
La forme flexible et végétale du chapiteau corinthien se combine à l'occasion avec des éléments du chapiteau ionique pour donner naissance aux chapiteaux de l'ordre composite.
c. L'arc et son utilisation
L'arc sans appui surmonte les ouvertures faites dans la maçonnerie. Les Romains associent la colonne et l'arc pour des raisons formelles. On assiste à une fusion progressive d'éléments hétérogènes qui se révèle à l'extérieur de l'amphithéâtre.
Conclusion :
• La superposition des ordres et leur application à l'arcade L'exemple le mieux connu de l'utilisation romaine des ordres est ce qu'on appelle la « surimposition », où des colonnes doriques, ioniques et corinthiens, des, des demi-colonnes ou pilastres étaient placés les uns audessus des autres. La colonne dorique, porte l'ionique plus gracieuse qui, à son tour, soutient le mince corinthien.

V/ L'urbanisme

Le principe d'orthogonalité, symbole de l'ordre cosmique, inspire les grandes structures de la Rome antique et des villes romaines. C'est encore lui que l'on utilise pour le partage des terrains ou le tracé des plans d'urbanisme. L'urbanisme romain est n'est du développement des camps. Les Romains utilisèrent dans le tracé des villes camps la « grille hippodamique » en référence à l'urbanisme grec.
Le tracé réticulaire conduit dans presque tous les cas à une forme rectangulaire, composée sur deux axes :
  • Le premier est orienté est-ouest, il a une largeur de 14 à 15 m (mais peut atteindre 30 m) et est appelé « decumanus ».
  • Le second, perpendiculaire au premier a une largeur de 7 à 8 m. Des voies secondaires parallèles ou perpendiculaires aux deux axes majeurs, d'une largeur minimum de 2,50 m et espacées les uns des autres de 60 à 70 m, complètent la trame viaire et délimite des « insulae » de périmètre carré ou rectangulaire. 
Au point de l'intersection des deux axes, se trouvait le forum qui représente l'aire des activités publiques.

Conclusion générale

Pour Rome l'architecture était l'expression de la puissance. L'Etat, qui avait un monopole sur les matériaux et disposait de ses propres briqueteries, faisait édifier par l'armée des bâtiments publics à travers tout l'empire.
L'arc fut l'élément le plus marquant de l'architecture romaine. 
En appliquant leur technique de construction des voûtes et des coupoles à une échelle sans cesse plus grande, les Romains réussissent à créer de grandes salles sans supports intermédiaires.

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