Livre : De la cave au toit : Témoignage d'un enseignement d'architecture


De la cave au toit
Témoignage d'un enseignement d'architecture

Collection : Architecture
Auteur(s) : Pierre von Meiss
Edition: Presses Polytechniques et Universitaires Romandes (PPUR)
Nombre de pages : 96 pages 
Langue : Français

Taille: 14,70 MB

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Sujet
Témoignage d'un enseignement d'architecture, le présent ouvrage analyse un itinéraire pédagogique affiné à l'épreuve du temps et soucieux de privilégier des valeurs élémentaires et durables de l'architecture.

Originalité
A partir d'une composition souterraine relativement libre, le projet évolue vers un édifice plus complexe en tentant d'établir des rapports clairs entre espace, structure et lumière, en imaginant une occupation suggérée après coup par la composition et en exploitant le langagesensible et poétique du matériau.

Public
Enseignants et étudiants des écoles d'architecture.

Contenu

Parcours à la rencontre du projet - Trois approches spatiales - Moyens didactiques.


«De la cave au toit», le titre n'est pas sans évoquer quelque chapitre de La Poétique de l'Espace, publié en 1957 par Gaston Bachelard. Le philosophe y expliquait comment chacun de nous construit au plus profond de lui-même une habitation refuge, reflet idéalisé de la maison de notre enfance, im¬ prégnée d'images, de sensations et d'odeurs.

Nous en faisons une référence implicite, jauge des nouveaux espaces que nous rencontrons, qu'ils relèvent de l'imaginaire ou du réel.
A la notion centripète de cocon protecteur, il superpose le schéma linéaire d'une maison verticaliste, tendue entre ses deux pôles «de la cave au grenier».

Aux espaces du rationnel situés sous les toits, discernés et mis en lumière, s'opposent les espaces obscurs de l'enterré, dont les murs à une seule face sont la limite ultime d'un univers de profondeur et de mystère. L'allusion à Bachelard n'est pas fortuite. Il y a quelques années, Pierre von Meiss, à la relecture du texte, s'interrogeait sur les moyens d'éveiller chez l'étudiant l'enthousiasme pour une architecture attentive à l'émotion des lieux et qui sache parler aux sens autant qu'à l'esprit. Il fallait commencer par redonner quelques lettres de noblesse aux espaces ignorés de la cave ; car, reconnaissons-le, alors que ceux-ci nous offrent la première pierre de l'édifice, nous, architectes, ne leur accordons à la hâte que nos toutes dernières pensées, quand il n'est plus rien d'autre à mettre en place.

Les architectes du Mouvement Moderne ne se sont d'ailleurs pas privés de les négliger, là où il devenait impensable de parler de fluidité, de lumière généreuse ou de paroi légère. Et il faut remonter à des temps plus anciens pour voir C. N. Ledoux s'attacher à exprimer des climats différenciés pour marquer l'ascension du pavillon, depuis le sous-sol sombre aux murs épais et aux formes voûtées, jusqu'aux charpentes ciselées, comme détachées des soucis de pesanteur.

De cette image d'une ascension de la cave au toit, Pierre von Meiss a tiré l'idée de son programme d'enseignement A travers une succession d'exercices qui s'enchaînent, l'étudiant est appelé à manipuler des éléments générateurs d'espace et à répondre à des problématiques qui se complexifient progressivement. A partir d'un lieu enterré, premier projet d'un parcours architectural, on passe à l'étape de l’«émergence», en réalisant un petit pavillon.

Puis, on traite de la cohérence entre les systèmes d'espace et de structure, en analysant et réinterprétant des références historiques reconnues. On propose après coup le scénario d'utilisation le mieux adapté à la configuration du projet. On imagine alors les textures, les lumières, les odeurs qu'on aimerait trouver là. Enfin, par petits groupes, les étudiants doivent façonner un site fictif capable d'assurer a posteriori une organisation d'ensemble cohérente pour lier ce qui n'était, au départ, qu'une addition d'objets. Mais laissons là l'énumération.

L'ouvrage parle de lui-même, richement commenté et illustré de projets d'étudiants. Ce qui retient surtout l'attention, c'est la prééminence et la richesse du discours pédagogique. On ne s'occupe pas ici de claironner un style ou un courant d'architecture et bien malin celui qui, à travers les travaux présentés, saurait lire les préférences de l'enseignant. Seuls comptent les moyens d'aider l'étudiant à cadrer sa réflexion, à hiérarchiser ses idées et à canaliser son énergie créatrice. Il est difficile, en effet, d'admettre que le processus de création n'est pas un développement linéaire rationnel que l'on contrôle de bout en bout.

Tout juste peut-on espérer l'apprivoiser quelque peu. Du désir flou, de l'ébauche immatérielle, se dégagent les premiers traits, qui, une fois posés, gagnent de l'autonomie et cherchent déjà à exprimer de nouvelles possibilités; c'est le moment où le dessin a sa propre vie, échappant au créateur Un des enjeux du projet est de savoir se mettre à l'écoute de cette représentation en mouvement afin d'en exploiter tout le potentiel. En ce sens, la donnée d'exercices qui s'enchaînent et se superposent ne peut qu'aider, obliger presque, l'étudiant à se retourner régulièrement pour analyser, mieux comprendre, puis repartir. Il y a là une composante ludique, qui apparaît comme essentielle : la nouvelle donne, à la manière d'une carte qu'on abat, attise et régénère la motivation.

Tout comme la façon de poser certaines questions à l'inverse d'une pratique courante ; ici, pas de programme, pas de site : il faut créer les espaces qui sachent mettre en valeur et renforcer les intentions du projet. La didactique développée vise à forcer le questionnement, en évitant toute forme de comportement routinier. Sachons gré à Pierre von Meiss de mettre en place les termes d'un débat sur la pédagogie qui, au-delà même de l'architecture, pourrait se prolonger vers d'autres domaines, et de le faire avec rigueur.

Après avoir énoncé les grands principes auxquels il croit, Pierre von Meiss discute leur mise en œuvre, étayant son propos d'informations très concrètes, telles que les durées respectives des différentes phases, les lectures et supports théoriques attachés aux exercices, les échelles de travail. De plus, toute une panoplie d'outils didactiques sont présentés, en même temps que l'auteur discute le moment où il importe de pouvoir y recourir.

Ce programme d'enseignement n'est pas livré comme un modèle ; la donnée des exercices exige de toute façon un complément théorique précis et approprié pour permettre un développement efficace. Mais l'enseignant ou l'étudiant pourra sûrement mettre à profit les idées exposées pour enrichir d'autres formes d'exercices ou de travaux personnels. Après tout, les ouvrages qui incitent à cela ne sont pas si nombreux.

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